val.jpg (17039 bytes)

 

 

 

cangroup.jpg (30513 bytes)

Can

 

Ne vous en déplaise, CAN est LE groupe allemand. S'il ne faut en retenir qu'un, c'est définitivement celui-là. Aujourd'hui intrônisé comme une référence absolue par des groupes aussi divers que TORTOISE, MOUSE on MARS, UI ou THE BETA BAND, le groupe du bassite Holger CZUKAY ne jouissait pourtant pas d'une telle aura au beau milieu des années quatre-vingt dix.

candelay.jpg (18537 bytes)


L'histoire de CAN débute à la fin des années soixante. Delay, publié pour la première fois en 1981, atteste de cette activité, mais aussi de la grande forme d'un groupe qui, d'emblée, se moque des barrières. Musique élastique soutenue par la rythmique agile et entraînante du redoutable Jacki
LIEBEZEIT, la formation se complète par la présence du claviériste Irmin SCHMIDT et du mésestimé Michael KAROLI, décédé dans l'indifférence générale fin 2001, et qui était à l'Allemagne ce que Robert FRIPP est à l'Angleterre. Cette solide formation restera inchangée quasiment tout au long de sa carrière. Les seuls réels changements vont intervenir au niveau des chanteurs ; il y eut tout d'abord le noir américain Malcolm MOONEY pour la
sortie de leur premier disque,  Monster Movie, puis, très vite, dès  Soundtracks   en 1970, l'introduction du japonais Kenji " Damo " SUZUKI qui
restera jusqu'en 1973, établissant, au cours de cette période, la formation classique et essentielle du groupe allemand.

 

canmonster.jpg (11327 bytes)         cansoundtrack.jpg (21504 bytes)       

 

En 1971, ils reviennent avec l'imposant double album,  Tago Mago  et assoient définitivement leur style, qui n'est pas loin, d'une certaine
manière, des expérimentations électriques menées à l'époque par un certain Miles DAVIS. Adepte aussi du collage, ils redécoupent leurs bandes pour
retenir la quintessence de leurs improvisations endiablées auxquelles ils ajoutent de multiples effets et échos pour leur donner ce feeling spacial
qui fait la marque de fabrique de la plupart des groupes allemands. Se voulant donc hétéroclyte de par sa configuration, et réceptif à toutes
formes de musiques, qu'il s'agisse de jazz, d'électronique, de musique ethnique ou contemporaine, CAN se révèle être un laboratoire organique des
plus passionnants. Si  Tago Mago  a élevé le niveau et reste encore aujourd'hui comme une des références absolues de ce que l'on a vite fait
d'étiquetter en tant que Kraut Rock,  Ege Bamyasi , paru l'année suivante, confirme la direction adoptée et fait la synthèse de  Tago Mago  en
dressant un sans faute où la batterie de Jacki LIEBEZEIT se fait de plus en plus funky et le son général du groupe de plus en plus rond et chaud, KAROLI y contribuant en grande partie, notamment en doublant ses parties de guitares par des séquences jouées au violon. De  Pinch  à  Spoon , rien est à jeter.

cantago.jpg (20410 bytes)         canege.jpg (15116 bytes)



Occulté par les références absolues que sont ses deux prédécesseurs, Future Days , en 1973, n'en est pas moins un des tout bon disques de CAN,
peut-être leur plus subtil et le plus raffiné, s'engageant ici dans une voie plus jazzy atmosphérique que ces prédécesseurs (conferatur la longue suite
de vingt minutes,  Bel Air , qui clôt l'album). Comme indiqué plus haut, après le départ de SUZUKI, les parties vocales seront désormais prises en charge par Irmin SCHMIDT et Michael KAROLI. Même si aucun n'essaye de singer ce que le chanteur japonais tentait de faire auparavant, cela ne fait aucune différence, puisque, tant Malcolm MOONEY que Keiji SUZUKI étaient en réalité de piètres chanteurs. Ce qui prévalait, et ce qui prévaut toujours au moment de publier  Soon Over Babaluma, ce n'est pas la performance, mais le feeling. Et ce feeling, CAN en a toujours regorgé. Même si ici il ne prédomine pas, rendant cet essai moins immédiat que les illustres albums qui l'ont précédé,  Soon Over Babaluma  est une pièce bien au-dessus de la moyenne qui nécessite peut-être un apprivoisement progressif et tout en douceur.

 

canfuture.jpg (14195 bytes)         canbabaluma.jpg (12764 bytes)



Pourtant, au regard de ce qui va suivre, on peut comprendre que cet album sonnait quelque part le début de leur déconfiture. Avec  Landed  en 1975, l'orientation affichée est plus consensuelle et plus rock. Les sonorités employées rappellent qu'il s'agit bien du même groupe mais on ne retrouve quasiment plus aucune trace de cet esprit frondeur et aventureux qui faisait de chaque album de CAN une étape de plus dans les méandres de notre subconscient. Flow Motion  en 1976 et   Saw Delight  en 1977 vont intégrer deux anciens membres du groupe anglo-saxon TRAFFIC, respectivement Rosko GEE à la basse, et Rebop Kwaku BAAH aux percussions. Si la décrépitude du groupe ne leur est pas imputable, force est de constater qu'un des éléments clés de la formation s'efface peu à peu, Holger CZUKAY, et avec lui, peut-être, cette ingéniosité qui leur fait désormais tant défaut. Sur Saw Delight, CAN se réessaye pourtant aux longues suites instrumentales avec  Animal Wave . Si certains de ces éléments sont satisfaisants, ils n'arriveront pourtant jamais à la cheville d'un titre comme, par exemple, Soup  sur  Ege Bamyasi .

canlanded.jpg (20375 bytes)         canflow.jpg (13705 bytes)        cansaw.jpg (13447 bytes)

 

Un Out of Reach  en 1978 et un sobrement intitulé  Can  en 1979 mettent un point final à un groupe qui s'est peu à peu laissé mourir pour on ne sait trop quelle(s) raison(s). Une reformation aura pourtant lieu dix ans plus tard. C'est  Rite Time  qui réintègre Malcolm MOONEY. Sans grand effet puisqu'il s'agira d'un véritable coup dans l'eau.

 

cancan.jpg (9100 bytes)         canritetime.jpg (10557 bytes)



Depuis, coffrets, compilations, vidéos et rétrospectives circulent partout pour tenter de mettre en lumière une des formations phares les plus
passionnantes des années soixante-dix. Ne fût-ce que dans sa première partie de carrière.

(D.S)

 

Quelques liens sur le sujet: 

http://www.spoonrecords.com/sitemap.html