Voilà un jeune groupe plein de promesses qui à mes yeux pourrait presque faire figure d'espoir du progressif français. Je dis presque car nos clermontois ne veulent surtout pas s'enfermer dans une catégorie. Il en va de l'intérêt même de leur musique. Si le premier King Crimson et le premier Pink Floyd sont à l'évidence les principales références avouées de Kafka, on est en droit de d'affirmer malgré tout que nous sommes face à l'émergence d'une véritable personnalité. Cette musique est unique en son genre. Elle vous attrape littéralement et surtout émotionnellement. Cinq longs morceaux instrumentaux vous plonge dans un univers onirique et violent à la fois. Basée assez souvent sur le principe de la répétition " évolutive ", la musique de Kafka enthousiasme aussi en s'appuyant sur l'effet de surprise : Nombreux changements d'atmosphères malgré le coté transe, morceaux longs mais riches en séquences contrastées. Peu de virtuosité, on travaille plus ici dans les climats. On parle déjà de post rock, qui, comme le prog, reste une définition trop réductrice pour illustrer le contenu musical. Aujourd'hui, le groupe est constitué de quatre musiciens : deux guitaristes , un bassiste et un batteur. La section rythmique est impressionnante : Elle fait à la fois preuve de violence mais aussi de subtilité. Les guitares sont aériennes, psychédéliques. On nage en plein dans le son des 70's, ce qui risque de ravir les nostalgiques. Lauréat des Chorus des Hauts de Seine de 2004, Kafka a bénéficié des subventions nécessaires pour nous proposer un album éponyme de haute tenue aussi bien du point de vue du degign (superbe pochette très Kafkaïenne) que par rapport à la production. Ils ont déjà joués au festival des musiques progressives des Tritonales cette année ; ils étaient encore cet automne en tournée dans toute la France ; ils ont encore beaucoup de choses à proposer (une musique écrite pour une pièce de théâtre). Kafka est un groupe motivé, à la musique envoûtante, et qu'il faut absolument encourager.

(P.R)