MIRIODOR « Avanti !» (Cuneiform records, Rune 288)

Comme le temps passe. Miriodor, le représentant québécois du mouvement Avant Prog/RIO, a déjà, à quelques mois près, 30 ans d’existence. Le plus souvent constitué d’un noyau dur (trio sax/batterie/claviers puis quatuor basse/batterie/claviers/guitare), cette formation s’est toujours adjoint les services de musiciens additionnels. C’est encore le cas sur ce 7eme album, mais dans une moindre mesure ici, puisque seule l’instrumentation cuivrée y est ajoutée. Ainsi, Miriodor marque, enfin, une petite rupture dans le concept initié par les « Jongleries Elastiques », 4eme album sorti en 1996, d’une part en resserrant ses rangs , d’autre part en allongeant la durée des morceaux, diminuant d’une bonne moitié leur nombre. Je vous avoue que je commençais franchement à m’inquiéter du phénomène de répétition à l’écoute des derniers opus du groupe depuis près d’une bonne dizaine d’année. Certes, Miriodor est toujours dans la cour des grands. Sa musique reste merveilleusement bourrée de trouvailles sonores, témoin d’un travail d’orfèvrerie digne de l’idée que l’on se fait d’une VRAIE formation de musique PROGRESSIVE. Et tout cela avec une bonne humeur exemplaire, loin de tout intellectualisme ou élitisme mal placé. Mais jusqu’à « Parade », le dernier album en date sorti en 2005, le sentiment étrange de dire à la fois du bien comme du mal était encore de mise chez moi. Miriodor faisait encore du Miriodor alors qu’en parallèle sa musique gagnait encore en perfection et en inventivité. Avec « Avanti ! », les québécois  se concentrent donc autour de leur noyau dur pour allonger leur propos et constituer un ensemble encore plus homogène qu’à l’accoutumée. Miriodor renoue avec l’esprit d’un groupe de scène tout en faisant preuve de la même hallucinante maîtrise dans ses arrangements. Faut t’il donc dire qu’ »Avanti ! » est le meilleur album des canadiens ? Ce serait trop vite oublier le trio majeur « Jongleries (1996)/Mekano (2001)/Parade (2005) ». Non, il n’existe pas de meilleur album chez Miriodor. L’enjeu n’est pas là. Par contre, l’écoute de ce dernier opus donne furieusement envie de les voir enfin sur scène dans une salle française ! A bon entendeur...

(P.R)