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ELTON DEAN
(1945 -2006)


Le 8 Février dernier, le monde de la musique avant-gardiste a perdu l'un de ses plus grands artistes. Même si sa carrière ne l'a pas propulsé vers le succès, au moins d'estime à défaut de commercial, le discret Elton Dean occupera une place importante parmi les défricheurs de sons particulièrement actifs à la fin des années 60 et les débuts 70. Il fait aussi parti de cette fameuse " école " de Canterbury, ce regroupement d'amis musiciens dont le goût principal pour le jazz, mais aussi pour toutes autres formes musicales a crée l'ossature d'un véritable genre typiquement anglais. Dean aura très largement marqué de son sceau la tendance free jazz expérimentale de cette école.

Ce son unique qui l'a très vite fait connaître grâce, notamment au saxello, dont il fut un spécialiste lui a permis d'intégrer le groupe Soft Machine, alors au top de son statut de groupe underground en 1969, pendant qu'il officiait encore au sein du Keith Tippett Sextet au côté de ses deux compères Mark Charig (trompette) et Nick Evans (trombone). Il a participé à l'enregistrement de trois des plus mythiques disques de Soft Machine (" Third ", " Fourth " et " Fifth ") et crée son propre groupe, toujours avec Charig et Evans avec qui il jouera durant encore plusieurs années. Son départ de Soft Machine en 1972 ne le freine nullement dans sa soif de jouer. Il crée Just Us, dans une mouvance free jazz, rejoint le groupe hollandais Supersister, puis celui de Chris MacGregor, Brotherhood of Breath.

Les années 70 verront Elton Dean collaborer avec des musiciens qui comptent parmi les plus innovateurs comme Keith Tippett, Hugh Hopper, ou Carla Bley. Il crée encore un nouvel ensemble, Ninesense, peut être son groupe le plus aventureux. Il retrouve ensuite son appartenance avec l' " école " de Canterbury en rejoignant le groupe Soft Heap aux cotés des " canterburiens " Alan Gowen, Hugh Hopper et Pip Pyle.

Les années 80 seront plus confidentielles pour Elton Dean (et pour beaucoup d'autres musiciens hors normes). Il tourne pourtant beaucoup. Il fait parti d' In Cahoots, le groupe de Phil Miller (ex- National Health) et dernier grand groupe " canterburien ", marquant le virage définitif du mouvement anglais vers une forme de jazz standard sans grande imagination.

Les années 90 verront enfin apparaître de nombreux Cds d'Elton Dean dans diverses formes comme le ED Quartet, le ED Quintet, ou plus simplement sous son nom. Des rééditions comme " Just Us " (Cunéiform) ou " Ninesense - Live at The BBC " (Hux) permettent de redécouvrir le grand musicien et, il ne faut pas le négliger, le compositeur talentueux que fut Elton Dean, ainsi que son apport indéniable sur le free jazz britannique.

Les années 2000 voient un Elton Dean de plus en plus affaibli mais toujours très actif malgré la maladie. Il joue souvent au Triton, la salle parisienne pour les musiques progressives, avec pratiquement à chaque fois son vieux complice et ami Hugh Hopper. Il continue à naviguer entre le free jazz, les musiques atmosphériques, l'improvisation, à travers des collaborations de plus en plus multiples avec Sophia Domancich, Simon Goubert, Hugh Hopper, John Marshall, Mark Hewins, John Marshall, John Etheridge, etc (la liste est trop longue).

Quelques semaines avant sa disparition, il jouait encore au sein de Soft Machine Legacy, notamment en France, pays où il partageait son temps avec l'Angleterre. Malheureusement, les séjours dans les hôpitaux se faisaient de plus en plus fréquents. C'est à l'un d'eux situés à Londres qu'Elton Dean s'est éteint des suites d'une cirrhose du foie dans la nuit du 7 au 8 Février 2006.





(P.R)