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PIP PYLE C'est au tour du batteur Pip Pyle de tirer sa révérence, le 28 Août dernier à Paris. A chaque fois que j'ai pu avoir l'occasion de le rencontrer c'était un plaisir de discuter avec quelqu'un d'aussi accessible et très souvent de bonne humeur. Bien que vivant depuis de nombreuses années en France, Il avait encore cet accent anglais un peu rugueux usant de mots français grossiers de façon irrésistible. Il aimait la bouffe indienne et la convivialité, surtout autour d'une pinte de bière, mais c'était surtout un musicien à l'esprit très ouvert qui aura marqué la scène progressive. Car devant cet être enjoué qui aurait pu vous donner l'impression de faire parti de son cercle d'amis, on était tout de même face au fameux batteur de Gong, Hatfield And The North, et National Health, des groupes figurant parmi les plus mythiques du mouvement progressif des années 70. C'était pas rien et ça pouvait être intimidant. Mais Pip Pyle mettait tout de suite à l'aise. Il parlait volontiers de ses influences, comme par exemple les Beatles, Frank Zappa mais aussi quelques grands du jazz (John Coltrane, Miles Davis) ainsi que tout un tas de choses totalement disparates démontrant son érudition et une ouverture musicale et artistique hors du commun, sans aucune prétention. Pip Pyle était né le 4 Avril 1950 à Sawbridgeworth dans le Hertfordshire en Angleterre. Il était déjà copain avec Phil Miller et il fonda avec lui le groupe Delivery alors qu'il n'avait que 15 ans. Mais le véritable rapprochement avec ce qu'il est coutume d'appeler le mouvement Canterbury fut lorsque Robert Wyatt le contacta début 1971 pour assurer des parties de batterie pour " Banana Moon ", l'album de David Allen. Il finit deux mois plus tard par intégrer le groupe Gong qu'il quitta en fin d'année 1971. Il prit le temps d'enregistrer avec eux l'album " Camembert Electrique ". Après avoir joué pour Paul John, il retrouva le guitariste Phil Miller (et son frère Steve Miller) ainsi que le bassiste Richard Sinclair (ex- Caravan) pour une nouvelle mouture de Delivery. Un peu plus tard, Steve Miller quittait le groupe pour être remplacé aux claviers par Dave Sinclair (cousin de Richard Sinclair et, lui aussi, ex-Caravan). C'est à ce moment là que le groupe changea de nom pour Hatfield And The North. Puis, très vite Dave Sinclair fut remplacé en Janvier 1973 par Dave Stewart (ex-Egg). Pip Pyle n'était pas peu fier de faire parti de cette formation car elle donnait libre cours à l'expérimentation et aux mélanges des genres musicaux, mêlant chanson pop, jazz et musique contemporaine. Il put également démontrer ses talents de parolier et de compositeur. Mais l'aventure s'acheva en 1975 après deux albums qui font encore office de référence du mouvement Canterbury. Pip Pyle joua pour le groupe Weithwatchers avec Elton Dean, Keith Tippett et Jim Richardson en 1976 dans un registre plus jazzy, avant de rejoindre de nouveau Phil Miller et Dave Stewart au sein du groupe National Health, en remplacement de Bill Bruford en 1977. Là encore, il excella au sein d'une formation majeure de la scène progressive, sous l'influence de Dave Stewart jusqu'en 1978, puis sous celle d'Alan Gowen jusqu'en 1980. En parallèle, il participa à l'expérience Soft Heap avec Alan Gowen, Elton Dean et Hugh Hopper. Mais, les années 80 commençant, les musiques purement progressives finirent par céder la place à une nouvelle forme de standardisation. Pip Pyle et ses camarades ne furent pas épargnés et se tournèrent vers un jazz plus ou moins convenu avec In Cahoots, formation dirigée par Phil Miller, avec Hugh Hopper, Elton Dean, Richard Sinclair et Peter Lemer (ex-Mike Oldfield Band). Il créa enfin son propre groupe, Equip'Out en 1984 avec Sophia Domancich, Didier Malherbe (ex-Gong), Elton Dean et Hugh Hopper. Il joua en parallèle avec d'autres musiciens (Patrice Meyer, Faton Cahen, Mimi Lorenzini, John Greaves). Il retrouva après 20 ans d'absence le groupe Gong en 1991 et continua de mener sa carrière en formant Short Wave avec Hugh Hopper, Didier Malherbe et Phil Miller. Il publia également son unique album solo " Seven Year Itch " en 1998, véritable synthèse musicale symbolisant parfaitement l'éclectisme du musicien et regroupant pratiquement tous les membres de la fameuse Ecole de Canterbury. Alors que l'on commençait à s'habituer à l'entendre jouer du jazz, Pip Pyle fut également présent dans des projets plus avant-gardistes à la fin des années 90, avec l'album-ovni " The Pig Part Projet " qu'il avait réalisé avec son vieux pote John Greaves et le bidouilleur français Philippe Marcel Iung, et sa participation au sein du groupe américain Absolute Zero ("Crashing Icons"). Il créa en 2002 le nouveau groupe Bash, puis réussit à réactiver en 2005 le mythique groupe Hatfield And The North avec Phil Miller et Richard Sinclair. Après avoir contribué à la sortie de " Hatwise Choice ", une compilation d'archives, le groupe, accompagné du claviériste Alex Macguire, avait tourné en Europe et au Japon. Le volume 2 d' " Hatwise Choice " était en préparation, des dates de concerts étaient planifiées, notamment au Canada et à Canterbury, en Angleterre. Il venait juste de jouer le 26 Août dernier avec ses camarades d'Hatfield And The North à Groningue, en Hollande, puis était revenu à Paris où il avait pris une chambre d'hôtel près de la gare du Nord. C'est en ce lieu que Pip Pyle mourut dans la nuit du 27 au 28 Août. La nouvelle de son décès a été un véritable choc pour tout le monde. Devant le nombre de messages de condoléances et de témoignages d'amitiés qui circulent sur le net, on peut mesurer à quel point Pip Pyle était un chic type. Il était l'ami de beaucoup et il nous manquera longtemps. Devant la discographie plus qu'impressionnante du batteur, il apparaît indispensable de faire une sélection afin de mesurer l'éclectisme du bonhomme. Sélection discographique : - Camembert Electrique (1971,
Gong)
(P.R) |
