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Zaar "Zaar" (Cuneiform, Rune 224) Nous voici en présence du premier
album d'un nouveau groupe français. Nom du groupe et titre de l'album
se confondent sous l'appellation Zaar, et pourtant
Rien de complètement
neuf pour celles et ceux qui sont venus voir les frères Michael
et Yan Hazera, respectivement batteur et guitariste, et rescapés
du défunt groupe Sotos, aux dernières Tritonnales (et aux
précédentes avec Sotos, justement). Car Zaar, né
en fin 2004, est le fruit d'une gestation déjà accomplie
du temps de Sotos au travers de deux albums (dont le dernier, " Platypus
" sera le plus réussi). C'est une musique instrumentale atypique
s'inspirant principalement de King Crimson, Magma mais avec un traitement
à la fois proche du " rock de chambre " à la Univers
Zero et de la musique planante répétitive façon Krautrock.
Le tout forme un climat plutôt sombre et tendu à la fois,
en tout cas plus qu'à l'époque de Sotos, utilisant pourtant
pratiquement la même recette. Tout tourne autour de deux titres
fleuves de plus de quinze minutes (" Sefir " et " Omk ")
dont on ne sort pas indemne et qui sont, heureusement, accompagnés
par des morceaux plus courts. Le morceau " Wu ", paru sur "
Platypus " de Sotos et composé par Yan Hazera, fait figure
de titre précurseur au regard de ce que réalise le nouveau
groupe aujourd'hui. Il faudra avec Zaar se rendre à l'évidence
que l'appréciation de leur musique se fera d'un point de vue sensitif
au lieu d'être en quête de structures mélodiques et
harmoniques alambiqués. Pourtant ces dernières sont bien
présentes (surtout à la fin des longs morceaux et sur "
Scherzo #C ") mais ne durent que trop peu de temps pour libérer
complètement cette force intérieure encore cachée
derrière le talent réel des musiciens. On citera parmi eux
le batteur Michael Hazera et le joueur de vielle à roue (oui, oui,
je vous assure que c'est une vraie) Pairbon. Cette vielle à roue,
justement, libère des sons hallucinants et s'intègre parfaitement
à une musique, qui reste malgré tout très rock. Zaar
a fait appel à Bob Drake pour la production, au même titre
que Nebelnest, autre groupe français ayant eu l'honneur de faire
paraître ses albums chez Cuneiform, et bénéficie d'une
certaine reconnaissance au sein de la scène avant-gardiste progressive.
Je suis pour ma part, persuadé que leur second bébé
sera plus réussi, comme du temps de Sotos qui commençait
vraiment à exploser avec " Platypus " et son morceau
fleuve " Malstrom ".
(P.R) |