Dream Theater
Metropolis part 1,
c'est pour DREAM THEATER, à l'heure de Images and Words, un peu
sa carte de visite, le morceau qui représente le plus grand nombre de
facettes du groupe et résume à lui seul l'étendue de son talent et de
ses possibilités. C'est, à cette date (nous sommes en 1992), leur morceau
à la fois le plus progressif (dans l'écriture) et le plus heavy (dans
le son), le plus complexe également, et celui dans lequel le groupe fait
preuve de la plus grande imagination dans la structure, et met le plus
en avant les qualités techniques de chacun des musiciens, mais aussi celle
du chanteur. Après les quelques écoutes nécessaires pour passer le voile
du son metal (lorsqu'on n'y est pas habitué, il faut un peu de patience),
on entre dans l'univers de DREAM THEATER, dont la richesse mélodique et
rythmique n'a probablement à l'heure actuelle que très peu d'égal.
En 1993, le groupe prépare Awake, un album d'apparence bien plus
heavy, qui a d'ailleurs rebuté nombre d'amateurs de progressif séduits
par Images and Words. D'apparence simplement. Car effectivement,
le son s'est durci, les ambiances y sont plus sombres et le chant y est
souvent moins cristallin. Cependant, Awake est un album d'une
densité extraordinaire et qui est indéniablement l'un des tous meilleurs
albums de metal-progressif, et mérite très largement d'être redécouvert.
A la fin des sessions de Awake, Kevin MOORE, le claviériste,
annonce son départ pour suivre une carrière solo (il a depuis sorti un
album, très intéressant quoiqu'un peu hermétique sous le nom de Chroma
Key, et participé notamment au dernier album de FATES WARNING).
Le groupe commence alors à lui chercher un remplaçant. Derek SHERINIAN est le suivant à
essuyer les planches avec le groupe, et s'en tire très honorablement, démontrant son
goût pour le jazz dans des parties de piano éblouissantes. Le courant semble bien
passer, et il se voit donc offert la place de claviériste à plein temps, qu'il
accepte.Le virage "commercial" du groupe se fait d'ores et déjà sentir, et la
patte de Derek Sherinian, son adoration avouée pour Elton JOHN, tout comme ses
extravagances vestimentaires et son comportement de rock star (sa rock'n roll attitude
diront d'autres) lui valent avant même la sortie du disque d'être raillé par les fans.
C'est à cette époque que le batteur Mike PORTNOY parle pour la première fois d'une
suite à Metropolis que le groupe aurait fini de composer, un morceau qui ferait
25mn, et serait peut-être présent sur le prochain album
Bref on souffle le chaud
et le froid.
Lorsque sort enfin l'album, Falling Into Infinity, la rumeur est déjà
très forte sur le fiasco du artistique du disque. D'autant que finalement, Metropolis
part 2 n'y figure pas ! Mais on imagine en effet difficilement Mike PORTNOY et le
guitariste John PETRUCCI, qui prévalent à la destinée du groupe, être détournés de
leur but musical. Avec le recul, et de leur propre aveu, ils assument pleinement ce virage
commercial qui ne représente cependant pas ce dont ils sont les plus fiers.
C 'est pour ainsi dire au sortir de l'enregistrement de Falling
into Infinity que vont s'effectuer les sessions de LIQUID TENSION
EXPERIMENT. C'est Mike PORTNOY qui choisit Jordan RUDESS pour le rejoindre
avec John PETRUCCIet Tony LEVIN au sein de ce projet. Il faut dire que
depuis 1994, les musiciens ne se sont pas perdus de vue. PORTNOY est même
un fan de l'album que RUDESS a sorti avec son compère, batteur des DIXIE
DREGS, Rod MORGENSTEIN, RUDESS MORGENSTEIN PROJECT. Et les deux lascars
ont ouvert pour DREAM THEATER pour la tournée américaine de 1996-1997,
ce qui a permis aux musiciens de bien se connaître et d'apprécier les
qualités humaines et artistiques de chacun. Les sessions de LIQUID TENSION
EXPERIMENT sont ainsi l'occasion pour nos deux compères de souder ces
liens à travers l'écriture et l'enregistrement d'un album avec Jordan
RUDESS.
Suivent donc tournée et sorties à la fois de la vidéo et du double cd Once in a
Livetime, sans que les choses aient évolué pour le groupe. Les side projects
prennent toujours une place importante puisque le chanteur James LA BRIE enregistre son
album solo sous le nom de MULLMUZLER (pour des raisons contractuelles, il ne pourra sortir
un album solo sous son nom que sur EastWest) sur Magna Carta, et parallèlement John
PETRUCCI et Mike PORTNOY retrouvent Jordan RUDESS (qui entretemps, accompagné de son
compère Rod MORGENSTEIN a continué d'ouvrir pour DREAM tHEATER dans leur tournée
européenne de 1998, à l'exception de quelques dates, dont celles de Paris) et Tony LEVIN
pour un second opus sous le nom de LIQUID TENSION EXPERIMENT.
Dès l'arrivée de RUDESS, Mike PORTNOY déclare que le temps est venu de
tirer un trait sur l'ère SHERINIAN, et que c'est une nouvelle ère pour
DREAM THEATER qui débute. Nul ne saura ce qui se prépare pour ce nouvel
album avant sa sortie, mais Mike PORTNOY rassure les pessimistes : cet
album sera le plus progressif écrit par le groupe, et des morceaux de
Metropolis part 2 devrait figurer sur l'album. Après quelques
mois d'attente qui ont valu les spéculations les plus diverses, l'album
sort cet automne. Et les surprises sont multiples.
Effectivement, comme avait pu le déclarer Mike PORTNOY, des bribes de
Metropolis part 2 figurent sur l'album, puisque l'album est composé
dans son intégralité par Metropolis part 2 ! L'album est conceptuel,
racontant à travers la regression sous hypnose d'un homme perturbé, le
destin tragique d'une femme partagée entre 2 frères (les personnages du
Miracle et du Dormeur évoqués dans la première partie). Enfin, se mettant
complètement au service de la narration de leur histoire, les musiciens
de DREAM THEATER gagnent leur pari le plus audacieux, faire un album plus
lyrique et émotionnel que technique tout en restant fidèle à leur identité.
Après une période pour le moins houleuse, DREAM THEATER reprend donc le
contrôle de sa carrière, les musiciens du groupe s'affirmant de nouveau
comme étant les garants d'un progressif haut et en couleur, énergique
et lyrique.
(D.B)
Quelques liens sur
le sujet:
http://www.dreamtheater.net/