Weather Report
Joe ZAWINUL et Wayne SHORTER, eux aussi,
sortant de l'école Miles DAVIS, vont mener à bien la destinée d'un véhicule nommé
WEATHER REPORT. De 1970 à 1986, ils vont consciencieusement, année après année, sortir
des disques, qui vont les mener vers des sommets jusqu'alors inégalés pour des artistes
jazz.
Mais avant, leurs carrières respectives contenaient déjà en leur sein les prémices des
voies qu'ils allaient emprunter. Ainsi, Joe ZAWINUL, avec The Rise and Fall of the
Third Stream sur Vortex en 1965 (!), mais surtout Zawinul (Columbia, 1971),
a peu de choses près, le premier véritable album de WEATHER REPORT sous son propre nom,
laissaient éclater sa maestria des synthétiseurs et autres rythmes venus d'ailleurs.
De son côté, le brillant saxophoniste Wayne SHORTER quittait Blue Note, qui
l'hébergeait depuis six ans, avec trois albums annonciateurs: Super Nova, Odyssey of
Iska et Moto Grosso Feio (1969 pour les deux premiers et 1970). Des trois, Odyssey
of Iska n'a toujours pas revu le jour. On finit par ne plus s'en étonner. Mais
l'espoir fait vivre...
Fort de leurs expériences solo, puis au sein du MILES DAVIS GROUP, ils allient enfin
leurs forces et vont entamer la belle carrière que l'on sait. Leur première période
comprend les disques Weather Report (1971), I Sing the Body Electric (1972), Live in
Tokyo (1972) et Sweetnighter (1973). Le noyau dur est constitué de ZAWINUL,
SHORTER et VITOUS. Le genre se rapproche d'un jazz électrique comme le pratiquait Miles
DAVIS fin 69, et que depuis lors on a rebaptisé "Kozmigroov". C'est une musique
très aerienne, aux touches pastels, un espèce de free jazz trèscoloré. C'est sans
doute ce qu'ils ont fait de mieux.
Mysterious Traveller (1974), Tale Spinnin (1975) et Black Market (1976)
sont des albums de transition où le groupe se recherche de nouvelles bases, le siège du
bassiste étant tour à tour tenu par Alphonso JOHNSON et Jaco PASTORIUS (qui s'y
établira pour la phase suivante). Cette phase possède encore la versatilité et la
richesse de la première période (Mysterious Traveller) mais se tourne vers des
rythmiques plus carrées (Tale Spinnin) et une tendance à un jazz fusion plus
grand public (Black Market).
Heavy Weather (1977), Mr.Gone (1978),
8:30 (1979), Night Passage (1980), Weather Report (1982) est la période où WR a
atteint une côte de popularité énorme (surtout par le biais du premier de cette série)
; c'en est presque devenu un standard. Mr.Gone est le plus curieux de tous,
puisque le brilliant saxophoniste, Wayne SHORTER, se fait à peine entendre, d'où le
titre paraît-il. Night Passage néanmoins reste un de mes préférés. Un album
assez brut, même rock dans la démarche, puisque le groupe s'est recentré autour d'un
simple quartette, mené à la baguette par Peter ERSKINE (et ce malgré la présence très
discrète du percussioniste). Procession (1983), Domino Theory (1984), Sportin' Life
(1985) et This is This (1986) sont les derniers enregistrements du
groupe qui comprend, outre les habitués SHORTER et ZAWINUL, Omar HAKIM et Victor BAILEY.
Comme le veut l'époque, les années 80, c'est très synthétique, et si le choc pouvait
être rude entre I sing the Body Electric et Heavy Weather, il le sera
encore plus ici. Le seul disque que j'épargne encore du lot, c'est Domino Theory.
(D.S)
Quelques liens sur le sujet:
http://www.multimania.com/synoc/weather.htm