val.jpg (17039 bytes)

 

 

 

pinkfloydgroup.jpg (33955 bytes)

Pink Floyd

 

Je ne vais quand même pas vous faire l'affront de vous résumer la carrière de ce groupe ! Vous le connaissez tous. Soit pas en partie, en grosse partie, soit pas en intégralité. Du coup, j'ai un peu l'impression, plus encore que dans d'autres cas de figure, de devoir m'atteler à la rédaction d'un article qui ne viendra que comforter les opinions des uns et des autres au sujet de leur groupe fétiche.

On le sait, la machine à rêve qu'est PINK FLOYD, ce groupe " au son venu d'ailleurs " que, déjà Gini sponsorisait en son temps lors de ses tournées
hexagonales, est très vite devenue aussi, et surtout, une machine à sous. Et comme l'argent appelle l'argent, cela n'étonnera personne de se rendre
compte que leur plus gros carton, ils l'ont signé avec un titre qui en fait justement l'éloge.

PINK FLOYD ne veut pas dire fluide rose, une définition qui collerait que trop bien à l'univers hallucinogène que développait le groupe dans ses
premières années. A force de vouloir construire une légende, on est amené parfois à raconter n'importe quoi... Non, c'est plus terre à terre que cela. Il s'agit juste d'un hommage à deux bluesman, Pink ANDERSON et Floyd COUNCIL, puisque, ne l'oublions pas, toute la scène progressive anglo-saxonne découle du blues boom anglais survenu au milieu des années soixante que quelques musiciens plus aventureux que de coutume amèneront sur des chemins jusque là inconnus.Et ce fût le cas pour notre quatuor constitué pour l'heure de Roger " Syd " BARRETT (chant, guitare), Nick MASON (batterie), Rick WRIGHT (claviers) et Roger WATERS (basse, chant).

pinkfloydpiper.jpg (14654 bytes)


BARRETT est alors l'instigateur, la force vive du groupe. Il lui insuffle son sens de l'humour et de la dérision dans ses textes, et ce soupçon de folie incroyable qui fait de leur premier album The Piper at the Gates of Dawn (1967) , publié la même année que le mythique Sergent Pepper's Lonely
Hearts Club Band
des BEATLES, et plus encore que celui-ci, peut-être le premier manifeste du rock psychédélique. Cette folle aventure qui vient pourtant juste de commencer va vite se terminer en tragédie. Complètement désarçonné par la tournure spectaculaire des évènements et soumis à une dépendance trop fulgurante aux bonbons colorés, BARRETT pète littéralement les plombs. La vie du groupe devient un enfer. D'abord sur scène, où Syd BARRETT n'assume plus son rôle, ensuite en studio, où même lors de l'écriture des morceaux le bonhomme se montre imprévisible. Pour continuer à être la bête de scène que PINK FLOYD est déjà à l'hiver'68, les trois autres membres du groupe font appel à un pote, David GILMOUR, dont la place, au départ, était prévue comme soutien au groupe lors des concerts. Mais la situation devenait vraiment impossible à tel point que PINK FLOYD dû faire face à l'inéluctable : faire une opération à coeur ouvert et extraire le cerveau de cette entité, promise à un bel avenir, et qui vient à peine de voir le jour.

Il ne nous en faut pas plus pour comprendre ce qui va advenir du groupe par la suite ...

pinkfloydsaucerfull.jpg (13839 bytes)


En 1968 paraît donc A Saucerful of Secrets. L'esprit de BARRETT flotte encore sur cette livraison (où il réussit tout de même à joindre un titre, " Jugband Blues) avec ses passages délirants (Set the Controls for the Heart of the Sun) mais un profond sentiment d'introspection règne, comme
si, subitement, c'est tout le groupe qui portait la camisole. Une commande de musique de film en 1969 permet au groupe une petite respiration. C'est  More dont tout le monde fait un foin pas possible alors que je n'arrive pas, personnellement, à comprendre l'engouement qu'il suscite. Sans doute à mettre sur le compte de la nostalgie. Une vision du film permettrait peut-être aussi de mieux en situer le propos. Et le constat sera le même pour la musique de LaVallée, appellée Obscured by Clouds, publiée deux ans plus tard.

pinkfloydmore.jpg (12195 bytes)


Mais avant cela paraît le double Ummagumma (1969) qui fait le compromis entre album en concert (le premier disque) et sessions studios (le second). C'est encore un succès colossal, non pas pour la musique qu'il contient, mais en raison de l'offre promotionnelle de l'époque qui proposait "deux disques pour le prix d'un". Ummagumma est pourtant ce que le FLOYD a fait de plus extrême. Un truc improbable et incompréhensible, insaisissable et tellement envoûtant, à la manière du Trout Mask Replica de Captain BEEFHEART, paru la même année. Le disque live souffre d'un son un peu trop étouffé mais les quatre titres présents sont absolument renversant d'intensité (on retiendra en particulier Careful with that Axe, Eugene ).


Quant à la session studio, elle est le prétexte à un faire valoir individuel, un peu comme ces interludes qui offraient des respirations en solitaire sur l'album Fragile de YES. Seulement, ici, l'accent n'est pas mis sur le consensuel, mais sur le trouble. Un disque qui ne peut entraîner que des réactions épidermiques exacerbées, de rejet, de dégoût ou de fascination face à l'innomable. Mon parti pris est pour ce dernier, la suite en quatre actes de Rick WRIGHT, Sysyphus, restant pour moi un tout grand moment avec un mellotron à vous couper le souffle.

pinkfloydatom.jpg (9422 bytes)         pinkfloydmeddle.jpg (7092 bytes)


A partir d'ici, PINK FLOYD va tout doucement commencer à vraiment essayer de prendre sa carrière en main, Roger WATERS poussant le groupe à s'orienter vers un format chanson plus carré. Le premier résultat de ce travail collectif est l'ambitieux Atom Heart Mother (1970) qui, après DEEP
PURPLE et son Concerto for Group and Orchestra en 1969, et YES avec Time and a Word, s'essaye aussi aux charmes de l'ensemble symphonique.
Essai peu concluant hélas, mais pas un échec cuisant pour autant. Comme pour ses illustres prédécesseurs, et en dépit de la présence cruciale de Ron
GEESIN à l'orchestration, le résultat paraît un peu boîteux. Hormis la compilation Relics qui paraît en 1971 et que, déjà, une armée de fans
s'arrachent à des milliers d'exemplaires, leur vrai nouvel album, Meddle va peaufiner ce que le groupe avait tâché d'entreprendre précédemment. Pour
balayer le mauvais souvenir de leur académique précédent effort, la plage qui ouvre l'album sonne comme une vengeance et One of These Days montre un PINK FLOYD hargneux qui revient à l'héritage blues sur une partie de slide guitare démentielle jouée par David GILMOUR, déployé sur le tapis de delay façonné à la basse par Roger WATERS. PINK FLOYD semble avoir trouvé sa voie et va donc désormais se concentrer sur les textures et les nappes, devenant, très vite, les professionnels du genre. Une ébauche de ce style apparaît sur le gargantuesque Echoes qui, de ses vingt trois minutes hantées, va définitivement asseoir leur style.

pinkfloydmoon.jpg (4540 bytes)         pinkfloydwishyou.jpg (8128 bytes)


Et puis, The Dark Side of The Moon en 1973, avec le succès que l'on sait, avec cette production d'orfèvre signée Alan PARSONS. Un bon disque, certes, mais très largement surestimé. Je lui préfèrerais encore Wish You Were Here (1975), à sa suite, différent, mais tellement proche à la fois.

pinkfloydanimals.jpg (8757 bytes)         pinkfloydwall.jpg (7923 bytes)


Pour rester dans le coup face à l'émergence d'une scène punk de plus en plus envahissante, WATERS compose tout le matériel d'Animals (1977),
laissant carte blanche à GILMOUR pour des parties de guitare qui se veulent dans l'aire du temps. Ce sera un coup dans l'eau. Un autre disque surmédiatisé sera le double concept album de 1979, The Wall dont le réel tour de force incombe à Bob EZRIN qui a eu la lourde tâche d'arriver à recomposer quelque chose de plus ou moins élégant à partir de pièces éparpillées. PINK FLOYD étant devenu l'exutoire privilégié des délires paranoïaques de Roger WATERS, Rick WRIGHT s'en va, lui laissant le champ libre pour s'enfoncer d'avantage dans ce sérieux et cette prétention
qu'ils affichent depuis 1973 ; ce sera le disque du divorce définitif, WATERS concédant sa place après la sortie de The Final Cut, en 1983, sombre, mais ennuyeux.

pinkfloyddivision.jpg (9793 bytes)


Depuis, GILMOUR veille au grain (avec le retour de Rick WRIGHT sur The Division Bell en 1994) et ballade la carcasse de ce phénomène de foire
comme une institution, basant toute leur stratégie sur l'aura que le groupe véhicule bien malgré lui depuis des décennies.Et vous savez quoi ? C'est pas prêt de s'arrêter ...

(D.S)

 

Quelques liens sur le sujet: 

http://www.pinkfloyd.net/