Faust

Eminent représentant du Krautrock, FAUST défie toutes les étiquettes et peut à bon droit être considéré, au même titre que HENRY COW, comme l'un des  papys 70's dont la démarche musicale a servi de fondements aux musiques dites "nouvelles". Ce groupe allemand, parti en guerre contre l'esthétisme conventionnel et étriqué du pop-rock, a pulvérisé les barrières réputées inviolables entre la musique populaire et l'expérimentation avant-gardiste.

On trouve de tout chez FAUST, de préférence en vrac et dans le désordre : grincements et râclements électro-acoustiques, chanson fluette aux arrangements pervers, détournements ricanants, manipulations troublantes, répétitions enivrantes, climats contrastés, orages et apaisements... Le tout est servi avec un sens de la démesure aussi déconcertant que mûrement pensé, doublé d'un sens poétique furieusement radical (et réciproquement). La crainte d'une éventuelle froideur est battue en brèche par un feeling qui a su s'immiscer même dans les instants les plus ravagés.

Bref, FAUST s'est taillée une réputation de groupe obscur et abscons, d'autant que sur scène il jouait de préférence dans le noir !Ses pochettes de disques participent de cette volonté de briser les règles établies du marketing.

La pochette de son premier album (1971) était transparente et figurait la radiographie d'un poing levé, celle de son deuxième, So Far (1972), était entièrement noire. C'est tout juste si les musiciens sont mentionnés et dans son troisième album, The Faust Tapes (1973), les titres ne sont pas indiqués ! Enfin, la pochette de IV (1973) (sans doute l'album le plus accessible et paru à l'époque chez... Virgin !) représente une partition vide.

FAUST a laissé une empreinte particulièrement marquante au sein de ce qui a été nommé plus tard "rock indus". Ainsi, à la fin des années 70, THIS HEAT reprendra le flambeau d'un certain rock expérimental initié par FAUST, bientôt suivi de THROBBING GRISTLE, CABARET VOLTAIRE, CONTROLLED BLEEDING...

Disparu au milieu des années 70 par pur enchantement, FAUST est réapparu tout aussi mystérieusement dans les années 90 sans rien perdre de sa détermination et de son intégrité. Des albums comme Rien (1996), You Know (ou You Know faUSt ou bien You Know US, allez savoir !), Faust wakes Nosferatu et Ravvivando témoignent de l'attachement du groupe pour tout ce qui a trait à l'étrangeté sonore (et ce malgré un léger changement de personnel). Eu égard au goût très prononcé du groupe pour l'improvisation live, les années 90 verront fleurir plusieurs albums enregistrés en concert (dont Edinburgh 97, The Land of Ukko and Rauni). Signalons enfin que le label ReR a réédité fin 2000 tous les premiers albums de FAUST (à l'exception de IV), plus quelques raretés, dans un luxueux coffret remastérisé, The Wümme Years, qui constitue une excellente introduction au travail de ce groupe sans réel équivalent.

(S.F)

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