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Mr Bungle

 

Mr.BUNGLE est le nom d'une poupée de clown conservateur et dérangé tiré d'une série télévisée américaine. Mr.BUNGLE est aussi le nom d'un personnage de film porno. Mr.BUNGLE est enfin le nom d'un groupe californien qui, eu égard à son nom, s'évertue à rendre compatible ce qui ne l'est pas.

Il est impossible de parler de Mr.BUNGLE sans citer Mike PATTON. Bien qu'il ne soit pas à proprement parlé le cerveau de la bande, c'est grâce à lui que la musique de son groupe a enfin pu décrocher un contrat. Considérés comme de véritables phénomènes sur la scène alternative où ils partagaient l'affiche avec des aspirants de la scène funk métal et post punk qui emportaient alors tous les suffrages, dès 1986 s'échangeaient sous les vestes les quelques cassettes démo du groupe (The Raging Wrath of the Easter Bunny, Bowel of Chiley, Goddammit, i love America ! ou OU818) qui comportent tous plusieurs maquettes de morceaux qui aboutiront sur leur premier album officiel. En attendant, c'est le calme plat.

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Personne ne veut d' eux, ni de leur mix improbable où se télescopent reggae, funk, salsa, musique de film, métal, techno... Était-ce délibéré ou un hasard heureux ? Toujours se fait-il que Mike PATTON se fait recruter par le groupe FAITH NO MORE qui se cherche un nouveau départ après l'éviction de son chanteur Chuck MOSLEY. Avec l'arrivée de PATTON, FAITH NO MORE va accéder à la gloire internationale à travers son album The Real Thing, publié en 1989, et dont le single extrait, Epic cartonne un peu partout. C'est dans ce même clip que l'on peut voir un PATTON aux cheveux encore longs s'agiter dans un sweatshirt blanc à l'effigie de Mr.BUNGLE ! Profitant de cette reconnaissance soudaine, et sans quitter pour autant cette formation avec laquelle il va connaître un succès grandissant, il parvient à convaincre Warner Brothers de signer un contrat avec Mr.BUNGLE, contrat toujours en cours aujourd'hui. C'est l'inévitable John ZORN qui est requis au poste de producteur (et avec lequel Mike PATTON va développer de nombreuses affinités) et Mr.Bungle, publié en 1991, rencontre un succès d'estime aux États-Unis, alors qu'il reste totalement inconnu en Europe. Entre les BADBRAINS et FISHBONE, Mr.BUNGLE est dans ce funk métal bientôt démocratisé par les RED HOT CHILI PEPPERS jusqu'au cou, mais avec un grain de folie sans précédent, renvoyant aux essais les plus bordéliques et iconoclastes des RESIDENTS ou Frank ZAPPA.

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Près de quatre ans plus tard, Mr.BUNGLE revient avec le sombre Disco Volante (1995) qui contraste violemment avec le côté festif et espiègle du premier disque. Enveloppé dans une pochette énigmatique, Disco Volante est un témoin unique du temps qui s'est écoulé entre les deux disques. Il fait se rendre compte que le paysage musical alternatif américain a changé et que le ton n'est plus franchement à la rigolade. Mr.BUNGLE fait bien donc de quitter le train des modes pour enregistrer un propos unique et qui va donner beaucoup de fil à retordre à de nombreux critiques
musicales. Détesté ou adulé, cet ovni musical, comme il en apparaît tous les trente ans (le dernier en date étant Trout Mask Replica de CAPTAIN BEEFHEART), ne laissera personne indifférent. Si la mixité des genres est toujours de mise, si la maîtrise des instruments est toujours aussi écoeurante, Mr.BUNGLE nous entraîne dans son carnaval malsain quelque part comme dix pieds sous terre, ou sous eau (l'aquatique The Bends). Mené de front avec une carrière qui devient lourde à porter au sein de FAITH NO MORE (pour lequel Trey SPRUANCE joua toutes les parties de guitare de leur cinquième album), sans compter les nombreuses collaborations annexes (NAKED CITY et John ZORN, MILK CULT, SEPULTURA, ...), Mike PATTON entraîne ses compères lors d'une tournée européenne, avec le percussioniste d'avant garde William WINANT. Présenté comme le groupe du chanteur de FAITH NO MORE, beaucoup de personnes dans l'assistance ont sans doute eu un choc à l'écoute de cette musique extrême, sans compromission, jouée par des musiciens masqués ou cagoulés, reprenant aussi bien des vieilles chansons italiennes que des génériques d'émissions télé, sans parler de leur musique, sans repères. Leur passage aura laissé des séquelles dans bon nombre d'esprit.

Le divorce d'avec FAITH NO MORE consummé, PATTON sort deux albums solos experimentaux sur le label Tzadik, SPRUANCE et Trevor DUNN (bassiste fort prisé des séances studio) se rejoignent et continuent l'aventure déconstructiviste de Mr.BUNGLE derrière le patronyme de SECRET CHIEFS 3 en compagnie de leur batteur Danny HEIFEITZ qui, lui aussi, poursuit des activités avec son groupe DIESELHEAD. Bref, tout ce beau monde est tellement occupé (Mike PATTON ira même fonder en 1998 son propre label, Ipecac, où il retrouvera son ami Trevor DUNN pour le tout aussi inclassable FANTÔMAS, puis encore, récemment, TOMAHAWKS), que le nouvel album de Mr.BUNGLE se fait attendre. Il arrivera pourtant ; dans les
bacs des disquaires, California arrive en 1999, et à nouveau, cette bande de fous furieux nous prênent à revers.

 

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En dix titres et un peu moins d'une heure, California se révèle être un sublime condensé de leur savoir-faire. Plutôt que d'abuser des changements incéssants de rythmes, de thèmes ou d'atmosphères, dont l'absence prête à décevoir dans un premier temps, ils privilégient la formule plus insidieuse et
intelligente de canaliser leur folie et de l'insérer dans des structures aux apparences plus consensuelles. Ainsi, au milieu de titres qui sonnent comme autant de références aux BEACH BOYS et autres groupes de surf music de la fin des années cinquante, on est amené à entendre un groupe de trash métal, un groupe d'électro-funk, une musique de film de Lalo SCHIFFRIN, des polyphonies corses, une soirée techno... Oui, Mr.BUNGLE reste fidèle à
lui-même, fidèle au principe que la seule bonne musique c'est toutes les musiques.

L'énigme du Progmonster : on sait tous que la relation entre John ZORN et Mr.BUNGLE est très étroite, surtout que le premier a produit le second. Pourtant, à ce jour, il reste une question restée sans réponse : à l'écoute des titres Everyone I Went to High School With is Dead qui ouvre Disco Volante et le titre Cusp qui figure sur Filmworks V de John ZORN, il paraît évident qu'il s'agit du même titre, joué par le même groupe, même si
ce sont des prises différentes. Alors. Qui est quoi ? Et qui joue quoi ? ...A vous de me le dire.

(D.S)

 

Quelques liens sur le sujet: 

http://www.bunglefever.com/