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La Fusion

 

 

L'histoire veut que le jazz électrique ou fusion, appellez le comme vous le voulez, ait germé lors des nombreuses sessions que Miles DAVIS donna alors, vers 1968, sous l'impulsion de sa nouvelle épouse, Betty DAVIS, et alors que son quintette de base était en train de s'effriter.

Aux Wayne SHORTER, Ron CARTER, Herbie HANCOCK et Tony WILLIAMS déjà présents, vont venir s'ajouter des noms aussi divers et prestigieux que Chick COREA, Dave HOLLAND, George BENSON, John McLAUGHLIN, Larry YOUNG, Billy COBHAM, Joe ZAWINUL, Jack DeJOHNETTE. Tous vont participer à l'aventure électrique, et tous vont quitter le navire pour mener à bien leurs propres idéaux.

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Miles Davis


Les prémices de ce changement débutent sur Miles in the Sky (1967) et Filles de Kilimanjaro (1968) où l'on retrouve, pêle-même, Chick COREA, Dave HOLLAND et George BENSON. Les pianos électriques fascinaient déjà à l'époque Herbie HANCOCK qui avait commencé à en utilser sur son dernier album pour Blue Note (The Prisoner).

Mais la sauce va vraiment prendre à partir de In a Silent Way (1969). Les enregistrements seront dès lors sous-titré d'un "Directions in music by Miles Davis" qui en dit long sur son approche. Il réunit autour de lui une quantité incroyable de musiciens aussi talentueux les uns que les autres, et les fait jouer sans relâche. Des kilomètres de bandes seront enregistrés. Et il balancera le tout à la face de son producteur, en lui disant : "voilà, fais moi quelque chose avec ça". Il est donc important de souligner le travail collosal de mixage, de découpage et de montage de Teo MACERO sur le présent album, et sur le suivant, Bitches Brew (1969).D'autres titres de cette période seront publiés sur Big Fun quelques années plus tard, ou encore sur les retrospectives Circle in the Round et Directions.

Bien entendu, ces rencontres entre musiciens ont fatalement tissé des liens. Peu à peu, chacun des participants vont s'éclipser, obligeant ainsi Miles DAVIS à renouveller son équipe avec laquelle, en sept ans d'existence et cet éternel jeu des chaises musicales, il ne publiera que deux autres albums studios, mais, en contrepartie, une quantité incroyable de prestations en
concert : On the Corner, descendu en flèche par la presse pour son utilisation excessive de pédale disto et wah-wah, et Get Up with it pour les studios, Live at Fillmore, Black Beauty, Live Evil, In Concert, Agharta, Pangaea et Dark Magus  pour les live (de 1971 à 1979).


LES ENFANTS DE MILES


TONY WILLIAMS LIFETIME

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Tony Williams

 

En 1969, Tony WILLIAMS, Larry YOUNG et John McLAUGHLIN s'associent et créent le TONY WILLIAMS LIFETIME qui, d'après Herbie HANCOCK lui-même, était la formation électrique la plus puissante de l'époque. Leur premier album, Emergency! est une pièce incontournable qui, en dépit de la magie executée tout de long par Larry YOUNG à l'orgue, est à rapprocher d'une étiquette purement jazz rock.

Alors que Tony WILLIAMS continuera avec de nouvelles formules, intégrant même Jack BRUCE, il lorgnera de plus en plus vers un jazz funk sans réel puissance.

De son côté, Larry YOUNG publiera le mythique Lawrence of Newark, toujours pas réédité en cd, qui est un pendant plus obscur du Bitches Brew de Miles DAVIS ; autant de percussions, autant de flamme (avec Pharoah SANDERS)... Ensuite, il collaborera avec deux autres musiciens américains, Nicholas et Gallivan, pour fonder le groupe éphémère LOVE CRY WANT que New Jazz a publié en 1997, permettant ainsi de lui rendre justice et de le replacer dans le contexte historique.

 

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MAHAVISHNU ORCHESTRA

 

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Herbie HANCOCK

 

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WEATHER REPORT

 

 


PLUS EN MARGE: D'AUTRES ENFANTS




Si Jack DeJOHNETTE et Chick COREA ont tourné ensemble pour Miles DAVIS, ils ont tout deux également plongé dans l'exercice solo.

S'il est de notoriété publique que Chick COREA ait monté RETURN TO FOREVER avec Stanley CLARKE, Al Di MEOLA et Lenny WHITE, entre autres, pour une musique jazz électrique baignée de frangrances diverses des musiques exotiques (Return to Forever, Light as a Feather, Hymn of the Seventh Galaxy, de 1972 à 1974), on connaît peu ou pas du tout le parcours de ce brillant batteur qu'est Jack DeJOHNETTE.

 

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Chick Corea                                                  Jack DeJohnette



Ça va finir par vous dégoûter, mais sachez que là aussi, ces disques n'ont toujours pas fait l'objet d'une réédition : Compost, son premier groupe en tant que leader, avec son album éponyme et Life is round (1972 et 1973), tout deux sur Columbia, se retrouvent donc gelés quelque part dans des casiers poussiéreux dont on a vraissemblablement perdu la clé. C'est pourtant du jazz électrique de bonne facture. Sous son nom, il publiera l'année d'après Sorcery chez Prestige, mais le propos est déjà différent, et DeJOHNETTE n'y reviendra plus jamais.

 



UNE AUTRE GALAXIE


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Sun Ra

 


Dans la catégorie des oubliés de l'histoire, il y a aussi le mythique SUN RA. Fort de son indépendance, et d'une carrière longue de plus de quarante ans, il y a à boire et à manger chez Sun Ra, comme chez tout artiste qui enregistre inlassablement ses disques les uns après les autres pour bâtir une oeuvre. Si ce pianiste a toujours eu un faible pour évoluer dans de grandes formations, pratiquant au départ un jazz de big band presque passe-partout, il fût sans doute l'un des premiers dans le milieu du jazz à inclure l'impact visuel dans sa musique, et s'est forgé une mythologie à faire pâlir les plus grands admirateurs de Yes (dont je fais partie). Accompagné donc de son Solar-Myth Arkestra, Sun Ra passait d'un disque à l'autre, d'une ambiance à l'autre avec cette fougue unique, ce désir d'expérimenter, cette soif de recherche. Pour le style qui nous occupe, il serait bon de s'attarder sur une des parties de sa carrière qui s'étend approximativement de 1976 à 1982. C'est ici qu'il va pondre les trucs les plus délirants, les plus fous, fait de sons bizarres, d'échos surnaturels, d'étrangeté et de grandiloquence. Media Dream, Disco 3000, Cosmos (réédité par Spalax) et Lanquidity sont des albums à écouter. Des quatres, seuls les deux premiers n'ont pas encore eu l'occasion de renaître de leur cendre, mais comptons sur le label Evidence qui tente depuis quelques années de restaurer l'entierté du catalogue de Sun Ra, afin d'ainsi rendre justice à un des musiciens jazz les plus hors normes et donc un des plus détestés du vingtième siècle.

(D.S)