Mahavishnu Orchestra
J'espère que Mc LAUGHLIN a encore
aujourd'hui une grattitude éternelle devant le destin qui s'est offert à lui parce que
si notre black axeman de Seattle (je parle d'HENDRIX) n'avait pas passé l'arme à gauche,
jamais Mc LAUGHLIN aurait intégré le groupe de Miles et aurait continué à jammer
tranquillement avec ses compatriotes anglo saxons Tony OXLEY et John SURMAN.
Il se fait que l'histoire en a décidé autrement. Et c'est là qu'il rencontre Billy
COBHAM, et qu'il recrute Rick LAIRD, Jan HAMMER et Jerry GOODMAN (de The Flock) pour
lâcher la bombe : "The Inner Mounting Flame" du MAHAVISHNU
ORCHESTRA, sorti en 1972. A partir de cette date, plus rien ne sera comme avant. Je
prend cette date comme date charnière parce que je pense qu'elle a considérablement
influencé les groupes que nous chérissons. Jamais un tel niveau de technicité n'avait
été atteint alors, et une telle furie venant du milieu jazz ne pouvait qu'attirer les
foudres des puristes et attirer les fans de rock.Pas étonnant dès lors que KING CRIMSON fasse leur première partie, pas étonnant que Larks'
Tongues in Aspic ait plus d'un point commun avec le groupe de Mc LAUGHLIN, pas
étonnant non plus que YES se met à compliquer encore et encore sa
musique (Tales from Topographic Oceans, mais surtout Relayer, très
jazz). SANTANA s'accroche au wagon aussi et sort "Caravanserai". C'est
le fameux détour que je dois faire pour tenter de vous prouver que si GENESIS a appellé un de ses titres "Los Endos",
ce n'est pas innocement. A partir de 1972 donc, il y a une cassure, et une propension
réelle à la recherche de la complexité pour la complexité. Je ne dis pas que tout le
monde l'a fait, ni que tout est mauvais, mais c'est une nouvelle tendance qui va
s'impregner et qui, malheureusement, les années faisant, prendra le dessus sur le vrai
sens de la musique.
Cette formation publiera deux disques studios : The Inner Mounting Flame et Birds
of Fire (1972 et 1973), et un live Between Nothingnessand Eternity (1973)
dont le matériel ci-inclus sera republié dans le contexte studio en 2000 sous le titre Lost
Trident Sessions. C'est incandescent. C'est brut. C'est rapide. C'est du jazz rock,
en plein. Et si ce n'est la maîtrise et la dextérité dont font preuve chacun des
musiciens, il ne reste plus grand chose de commun avec l'idiome jazz.
Pour sa seconde mouture, Narada Michael WALDEN, Jean-Luc PONTY, Stu GOLDBERG et Ralph
ARMSTRONG viendront remplacer la fine équipe. Ce sera d'abord, Apocalypse (1974),
produit par George MARTIN et sous la baguette de l'orchestre symphonique de Londres. Puis,
Visions of the Emerald Beyond (1975). L'intensité est toujours présente mais
rien de vraiment nouveau émerge de ces sessions.Le dernier album Inner Worlds (1976)
est aussi celui qui rompt le plus avec le style habituel, tentant, de toute évidence, de
rejoindre, là aussi, le wagon jazz funk qui cartonne alors.
Petite parenthèse : le groupe de Trip Hop MASSIVE ATTACK s'est servi de cette manne
afin d'inclure des samples adéquats dans leur première production, Blue Lines.
Le premier album solo de Billy COBHAM, Spectrum (1973), une véritable bombe, a
été aussi revisité par leurs soins. Fin de la parenthèse.
(D.S)
Quelques liens sur
le sujet:
http://members.tripod.com/lordack/mahavish.html
http://www.ejn.it/mus/mclaughl.htm
http://www.janhammer.com/