King Crimson
La démarche musicale d'un groupe comme
KING CRIMSON a toujours provoqué des réactions assez vives de la part des amateurs de
rock progressif. Contrairement aux GENESIS et YES, ils ne sont jamais restés bien longtemps installés dans un style
propre. C'est pourquoi il convient de distinguer chez KING CRIMSON différentes périodes:
1969-1970: Période rock symphonique
In The Court Of The Crimson King (1969), In The Wake
Of Poseidon (1970)
C'est la grande époque de la collaboration entre le guitariste Robert
FRIPP et le parolier Peter SINFIELD. Entourés par de futurs musiciens
de renom - Greg LAKE (futur ELP), Ian Mc DONALD
(futur FOREIGNER), Mel COLLINS (futur CAMEL) -
le duo pose les bases du rock progressif du débuts des années 70 en mélangeant
le symphonisme et la musique expérimentale. KING CRIMSON fait déjà office
de référence.
1971-1972: Phase transitoire
Lizard (1971), Island (1972), Earthbound (1972)
KING CRIMSON casse déjà son image en proposant trois albums complétement
différents. Lizard demeure le plus équilibré (parfait mélange
de rock symphonique et de free jazz). Robert FRIPP est le seul maitre
à bord et chamboule la formule musicale d'un groupe à la limite de l'explosion.
Après un Island trop calme pour être véritablement à l'image
de KC (Ce sera aussi le dernier avec Peter SINFIELD) le live Earthbound
au son terrifiant (il ne sortira en format CD qu'en 2004) contrebalance
une fois de plus les idées reçues. Le split est inévitable.
1973-1975: Période rock progressif
Lark's Tongues In
Aspic (1973), Starless And Bible Black (1974), Red (1974), Usa (1975)
Robert FRIPP reconstitue le nouveau KC avec l'ex batteur de YES, Bill BRUFORD, le bassiste John WETTON (futur UK
et ASIA), le percussioniste Jamie MUIR et le violoniste David CROSS et connait la phase
musicale la plus stable et la plus passionnante de son existence. Lark's Tongues In
Aspic demeure, pour ma part, le chef d'oeuvre de KING CRIMSON. Son plus brut, plus
rock ou la guitare de FRIPP prend véritablement son envol avec le violon de CROSS. Starless
And Bible Black est en partie enregistré en live (les improvisations en
particulier). Enfin, Red est aussi un hommage à la premiere époque de KC (FRIPP
fait de nouveau appel à COLLINS et Mc DONALD). Ce disque est une excellente entrée en
matière pour le novice. Usa est un live qui parait bien fade en comparaison, par
exemple, au coffret The Great Deceiver (édité en 1992). A la surprise
générale FRIPP met fin à KC en 1975.
BRUFORD
part rejoindre le groupe NATIONAL HEALTH avant de suivre GENESIS en tournée pour finalement retrouver John WETTON au sein
de UK. FRIPP entamera une carriere solo et collaborera avec entre
autres Brian ENO et Peter GABRIEL.
1981-1984: Période "New wave"
Discipline (1981), Beat (1982), Three As A Perfect Pair (1984)
Appelé DISCIPLINE, le groupe reunissant Robert FRIPP, Bill BRUFORD,
Tony LEVIN (bassiste de Peter GABRIEL) et Adrian BELEW (guitariste chez Frank ZAPPA) finit par reprendre le nom de KING CRIMSON. Nous sommes
dans les années 80. L'heure est donc à la simplicité et au compromis commerciaux.
Pourtant Discipline est étonnament très novateur alors que les deux autres
albums sont, disons, un ton en dessous.
Depuis 1994: Période "nostalgique" (fusion des deux dernieres périodes)
Vroom (1994), Thrak (1995), The ConstruKction Of Light (2000), The Power to
Believe (2003)
On retrouve KC avec grand plaisir en 1994 avec le mini Cd Vroom.
Robert FRIPP est toujours entouré par BRUFORD, LEVIN et BELEW mais il
rajoute encore une deuxieme section rythmique (Pat MASTELOTTO à la batterie
electronique et Trey GUNN à la Touch Guitar). L'album Thrak a
un son énorme. On retrouve à la fois comme source d'inspiration la grande
époque 1973-1975 (surtout Red) et les reminiscences commerciales
des années 80. Par contre, KING CRIMSON n'innove plus, et c'est assez
nouveau. Plus riche (progressivement parlant) The ConstruKction Of
Light (sans BRUFORD et LEVIN) continue encore à s'inspirer fortement
du glorieux passé. L'improvisation abandonnée chez KC est reprise
dans des versions "fraKctalisées": les fameux ProjeKcts où les
membres se sont reunis en petits noyaux pour des series de concerts que
l'on retrouvent sur le coffret The ProjeKcts. Enfin, en 2003,
KING CRIMSON, désormais quatuor, fait preuve d'un manque flagrand d'originalité
avec un The Power To Believe à la limite de l'auto plagiat. Trey
GUNN décide de partir et sera remplacé par Tony LEVIN à
la basse.
(P.R)
Quelques liens sur
le sujet:
La
chronique de In The Court Of The Crimson King par Richard Joray
http://www.elephant-talk.com/
http://www.disciplineglobalmobile.com/