Landberk
S'il a démarré dans le
giron du progressif, la carrière de LANDBERK, aujourd'hui en points de
supsensions, a très vite changé d'orientation, se dirigeant vers une pop
esthète qui horripile les plus farouches amateurs de constructions alambiquées
en tout genre.
Ce n'est très récemment que le label suédois Record Heaven nous a permis
de redécouvrir le premier album de ce quintette, leur premier et seul
vrai album progressif à 100%. Riktigt Äkta est en effet publié
à l'origine en 1991. Beaucoup ont eu comme premier contact avec le groupe
l'album Lonely Land (1992), diffusé lui par The Laser's Edge,
et qui n'est ni plus ni moins que l'adaptation anglaise de l'album d'origine
qui ne vaut que pour sa reprise d'un morceau du mythique groupe T2. Tout
le charme qui se dégage de l'album original tend à disparaître dans son
adaptation en anglais. Le chant suédois se prêtant à merveille aux comptines
jouées au mellotron et à la flûte, donnant l'illusion d'une incantation
elfique tout droit issue d'un épisode de Tolkien. I Nattens Timma
qui ouvre l'album correspond en tout point à ce descriptif et renvoit
également aux références du passé, comme le fameux Lord of the Rings,
justement, de Bo HANSSON. L'ambiance brumeuse de ces landes oubliées hante
tout l'album de la première à la dernière plage. La voix lascive de Patrick
Helje est appuyée par quatre fortes personnalités: Simon NORDBERG qui
marie retenue et efficacité avec une rare aisance aux claviers, Stefan
DIMLE en solide mais souple bassiste et enfin Reine FISKE sur les épaules
duquel repose en grande partie toute la réussite du groupe. Loin d'être
un guitar hero, Reine privilégie les notes par petites touches (Trädet),
les sonorités évocatrices, les ambiances (Visa fran
Kallsedet) plutôt qu'un gros solo bien gras et bien enlevé. D'ailleurs,
LANDBERK a tout fait pour s'éloigner de ce genre de schéma. La formation
se complète par le siège du batteur, occupé dans un premier temps par
Simon STEENSLAND qui partira vite voler de ses propres ailes, puis Andreas
DAHLBÄCK qui restera néanmoins que pour ce premier album.
A l'heure du second, One Man Tell's Another (1994), c'est Jonas
LIDHOLM qui viendra prendre sa place et cette fois de manière définitive.
Les sept titres de ce nouvel opus n'ont déjà plus rien de commun avec
l'atmosphère mystérieuse de leur premier essai. Si Time se veut
une chanson pop aux arrangements sophistiqués (avec des passages pouvant
faire songer à ANEKDOTEN, surtout au niveau
de la rythmique), et si Kontiki accroche
d'emblée avec une production étonnement propulsée vers l'avant, avec son
riff obsédant exécuté à l'orgue, seuls Mirror Man et Valentinsong
semblent porter en eux des traces de la mélancolie développée autrefois
par le groupe. Le reste de l'album s'articule désormais autour de surprenants
quatre temps à la désarmante simplicité et dont le seul parallèle valable
est incarné par le MARILLION de Steve HOGARTH,
(Afraid of Sunlight). C'est sur cette voie tout en subtilité
que LANDBERK se dirige sans remords.
Avant un troisième album studio, en 1996, Le label italien Melodie &
Dissonanze publie Unaffected un album en concert qui reprend
l'intégralité du premier album, plus un titre du second et la reprise
de VAN DER GRAAF GENERATOR, Afterwards,
que l'on pouvait retrouver en version studio sur la double compilation
hommage dédiée au groupe et concoctée par Mellow Records.
Indian Summer (1996) est ce troisième album, à la pochette inoubliable
et évocatrice. On entre dans cet album comme dans un cocon, un refuge.
Cotonneux, doux, terriblement sensible, c'est avec une économie de moyen
sans égal (écoutez la plage titre) que les musiciens de LANDBERK arrivent
à dessiner les contours d'un paysage tout en subtilité. Mis à part 1st
of May et Dustgod, menés tambours battant, le jeu est apaisé,
serein, comme empli de sagesse. Nous sommes bien entendu ici très loin
des délires progressifs habituels mais cela n'enlève rien à cet album
qui reste une superbe réussite au demeurant et qui séduira sans conteste
les amateurs de belles mélodies à savourer les soirées d'hiver au coin
d'un feu de bois.
Depuis, plus de nouvelles ! Signe qui ne présage rien de bon ; leur site
officiel n'est plus opérationnel. LANDBERK se serait-il quitté sur un
chef-d'oeuvre (pop, certes, mais chef-d'oeuvre quand même) ? Les seules
traces d'activités encore perceptibles furent la constitution du super
groupe MORTE MACABRE où Reine FISKE et Stefan DIMLE retrouvaient leurs
rivaux et amis Niklas BERG et Peter NORDIN d'ANEKDOTEN
pour un album unique, Symphonic Holocaust (1998) qui, en
dépit de deux titres inédits, faisait la part belle aux reprises de thèmes
de musique de films d'horreur
ou d'épouvante. Avec pas moins de quatre mellotrons, l'entreprise ne pouvait
pas ne pas être réussie !
Aujourd'hui, on retrouve
au sein du groupe suédois PAATOS
Reine FISKE et Stefan DIMLE. Ils viennent de sortir en 2002 Timeloss
un album très recommandable.
(D.S &P.R)