The Muffins
Fin 1973, Dave NEWHOUSE (claviers,
instruments à vents), Michael ZENTER (guitare, violon) et Billy SWANN répètent sans
relâche dans leur local de répétition dans le Maryland. Fortement influencé par des
groupes comme SOFT MACHINE, HATFIELD AND THE
NORTH, SUN RA, l'Art Ensemble de Chicago, voire même les Mothers
of Invention, leur musique reste sans nom. Jusqu'au jour où un ami à eux débarque
de manière impromptue dans leur local, leur apportant de quoi se rassasier et s'écriant
"Les Muffins sont là !".
Comme tout bon groupe qui se respecte, le jeu des chaises musicales débute, recrutant
Stuart ABRAMOWITZ à la batterie, pendant que Tom SCOTT venait compléter la formation aux
saxophones. Puis, le départ de Stuart et de Michael laissa le groupe dans le désarroi
avant que ne débarque en 1976 Paul SEARS qui prendre le siège du batteur et qui scèlera
ainsi de manière définitive la configuration du groupe. Ces années de recherche feront
l'objet d'une édition cd intitulée Chronometers, paru sur Cuneiform.
Les concerts sont intenses et nombreux, et beaucoup d'affiches sont partagées avec leurs
amis des GRITS (publiés à titre posthume par Cuneiform en 1993. Soif d'indépendance et
ayant conscience qu'en dépit du succès grandissant qu'ils rencontrent, aucune firme de
disque ne sera prête à les signer parce qu'apparu au "mauvais moment", les
MUFFINS franchissent un pas en fondant leur propre label, Random Radar Records. La
liberté a bien sûr un
prix. Et les difficultés que ces artistes de talent vont rencontrer alors qu'ils
canalisent toute leur énergie dans la diffusion de leur musique leur coûteront très
cher. Ils passent toute l'année 1977 à l'enregistrement de leur premier disque, et aussi
leur plus vibrant manifeste, Manna/Mirage.
En quatre titres exemplaires, ils résument à merveille leurs aspirations où on les sent
proche tour à tour de la scène Canterburienne (le final de Monkey
with the Golden Eyes n'est pas sans rappeller le magnifique Sea Song de
Robert WYATT), les Mothers (avec The Adventures of Captain Boomerang) ou la
scène jazz d'avant garde (Hobart Got Burned, un classique). Le disque se vend
mal, ou pas du tout, mais nullement découragés, ils en publient un second, Air
Fiction, toujours pas réédité à ce jour, et présenté comme un travail
d'improvisation, la première face en concert, la seconde en studio.
Les MUFFINS vont en effet peu à peu délaisser les attributs et les canons du rock au
travers des compositions et des mélodies standards pour une approche plus émancipée de
l'écriture qui en fait plus un représentant de la scène jazz que de la scène
progressive. Le fait que Dave NEWHOUSE va peu à peu délaissé les claviers pour se
tourner exclusivement vers les instruments à vents, faisant du groupe un duo de
saxophones, et la décision de Billy SWAN de désaccorder complètement sa guitare pour
produire des sons uniques vont bien évidemment aider à cela. De plus, fin 1979, Fred
FRITH vient s'établir à New York et fait rapidement connaissance avec eux et se lie
d'amitié. Ce partenariat va se traduire par le premier album solo du guitariste, Gravity
où les MUFFINS jouent en backing band sur la deuxième face alors que la première est
occupée par les dérangés de SAMLA MAMMAS MANNA. Si ce coup de
pouce permet aux MUFFINS de sortir de l'anonymat, les tensions montent au sein du groupe,
chacun ayant désormais sa vie de famille, chacun devant se recentrer sur de nouvelles
priorités. C'est dans ce climat de tension extrême qu'est enregistré leur ultime album,
185 qui, en 1981, précède de trois mois la dissolution définitive du groupe,
la production ayant été littéralement déléguée à Fred FRITH.
A l'écoute de ce disque pourtant, rien
ne laissait présager une cassure définitive, d'autant qu'ils nous reviennent avec du
matériel de premier ordre (Queenside, Antidote to Dry-Dock, Zoom Resume, Under Dali's
Wing). Cuneiform publiera en 1994 sous le titre Open City les chutes
studios, les inédits issus de cette période houleuse.
Mais si les firmes de disques ont la mémoire courte, de nouvelles générations
d'amateurs de musique ont pu découvrir ces trésors et ont rendu hommage haut et fort à
une des formations éclairs les plus passionnantes à se produire à la fin des années
soixante-dix aux USA. Si bien que la côte de popularité des MUFFINS n'a eu de cesse
d'augmenter, atteignant le stade de groupe culte. Ainsi, fort de ces échos, et sans doute
débarassés de toute
forme de tracas extérieurs, c'est à la surprise générale que les MUFFINS ont refait
leur apparition en 1998 pour une série de date à New York, au Knitting Factory, mais
aussi en Europe, à Rome. Seul, Billy SWANN avec son Siberian Mine Blast, était encore
resté dans le milieu de la musique.
Des extraits de ces prestations sont disponibles sur le mini album sorti pendant l'été
2001, Loveletter#1 et qui annonce un nouvel album studio, Bandwith,
attendu pour début 2002.
Gageons qu'ils ne rateront pas cette occasion pour enfin faire valoir leurs compétences
aux yeux de tous !
(D.S)
Quelques liens sur
le sujet:
http://www.themuffins.org/
http://www.geocities.com/SunsetStrip/Alley/1166/muff.html